Interview d'Edith Kabuya qui vient d'éditer son premier roman, Résurrection. |
Née à Montréal le 14 avril 1987 de deux parents congolais, Edith Kabuya a complété un DEC en Sciences, Lettre et Arts (Collège Jean-de-Brébeuf) et un BAC en psychologie (Université McGill). En 2010, elle a scénarisé et co-réalisé un court-métrage. Son désir le plus cher est de travailler en télé un jour.
Véritable bookaholic, elle doit parfois s'interdire d'entrer en librairie parce que, chaque fois, elle en ressort avec une dizaine de livres entre les mains. Résurrection est son premier roman.
Dans cet entretien, la jeune dame revient sur ses méthodes d'écriture, la rédaction et la publication de son premier livre.
Vous pouvez la retrouver sur son blog : « Lunatic Extraordinaire ».
Présentation
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Edith Kabuya (Didie). J’ai 25 ans. Je raffole des gâteaux au fromage. :)
Quel est votre parcours d’auteur ?
Résurrection est ma première publication.
Depuis combien de temps écrivez-vous ?
Des années ! Depuis mes huit ans, je crois bien.
Comment vous est venue cette envie d’écrire ? Avez-vous d’autres passions ?
Écrire, c’est raconter une histoire. Et j’adore raconter des histoires. Mais il ne s’agit pas de ma seule passion ; j’adore lire aussi. Le cinéma et la télévision font également partie de mes intérêts.
Routine de vie
Travaillez-vous dans un endroit fixe ? Si oui, pouvez-vous le décrire ?
Oui et non. J’ai mon propre bureau, mais j’aime parfois changer la routine, soit en m’installant dans un café ou carrément, sur mon lit ! (rires)
Combien de temps consacrez-vous à l'écriture par jour, par semaine ?
Au moins cinq heures par jour. Ça varie selon les jours et mon humeur. Parfois, c’est plus, parfois moins.
Aimez-vous travailler dans le silence ou en musique ?
En musique ! Le silence me déprime.
Êtes-vous sujet à la procrastination ?
Aaaaah, la question qui tue. Oui. Je suis une fille pleine d’énergie et disons que ma passion et ma personnalité ne font pas bon ménage. Je ne suis pas faite pour rester concentrée sur la même chose trop longtemps. Mais j’y travaille et je me discipline chaque jour.
Méthodes d’écriture
Écrivez-vous sur papier ou ordinateur ? Pourquoi ?
Les deux. Je ponds quelques phrases sur papier, puis je me plonge dans mon ordinateur. Lorsque je rencontre un mur, je tente de démêler ce qui se passe en l’écrivant à la main.
Avez-vous déjà vécu le syndrome de la page blanche ? Si oui, quelle est votre recette pour le vaincre ?
Je crois que tous les écrivains le vivent un jour ou l’autre. Un truc que j’ai développé pour contrer ce problème, c’est de jeter sur papier quelques lignes sur la scène avant de l’écrire. Un peu comme si je faisais de l’écriture automatique avant d’« écrire pour de vrai ». Ça me permet d’évaluer d’avance ce qui cloche ou pas. Depuis que j’utilise cette recette, c’est rare que je vive le syndrome de la page blanche. J’ai piqué cette idée de l’auteure Rachel Aaron. Si vous êtes familier avec l’anglais, je vous invite à lire son billet How I Went From Writing 2,000 Words a Day to 10,000 Words a Day.
Écrivez-vous sans savoir où vous allez ou planifiez-vous votre histoire ?
Un mélange des deux. Je dois au moins connaître ma fin pour savoir vers où je m’en vais, mais sinon j’ai une idée vague du chemin pour m’y rendre. Cependant, avant d’écrire un chapitre, je le planifie toujours en quelques lignes.
Utilisez-vous une méthode particulière (plan, fiches de personnages, synopsis…) ?
Nope [sic] ! J’ai seulement « une ligne directrice ». Par exemple, ma ligne directrice pour Résurrection était :
« Une fille (X) meurt et se fait ressusciter par (Y), le meilleur ami de son frère (Z). »
Les pourquoi et les comment, je les découvre au fur et à mesure. Quant à mes personnages, je les connais déjà ou j’apprends à les connaître à travers leurs péripéties.
Prenez-vous beaucoup de notes ? Comment les organisez-vous (carnet, feuilles volantes, logiciel…) ?
J’évite les feuilles volantes (bon d’accord, j’essaie de les éviter) et je regroupe mes notes dans des cahiers Moleskine qui ont tous une couleur différente, parce que je me trompe tout le temps !
Ce que change l’écriture d’une série de celle d'un roman unique ?
Haha ! Aucune idée ! Résurrection est mon premier roman, et il est le premier tome d’une trilogie. Je n’ai pas encore eu l’occasion de comparer les deux expériences.
Inspirations
Comment trouvez-vous l’inspiration ? Musique, films, livres, photos ?
TOUT peut m’inspirer !
Avez-vous un ouvrage culte traitant de l’écriture ?
OUI ! The First Five Pages de Noah Lukeman, un excellent guide qui m’a beaucoup aidée dans la correction et la soumission de mon roman.
Comment procédez-vous pour vous démarquer ?
Je ne cherche pas tant à me démarquer qu’à m’amuser d’abord. Si j’arrive à me surprendre moi-même, alors je crois que c’est bon signe, que je peux surprendre quelqu’un d’autre.
Qui sont vos auteurs préférés ?
J’en ai pleins ! Mais celui que j’admire le plus en ce moment, c’est Orson Scott Card.
Quel est le livre qui constitue votre idéal en terme d’écriture ? Pourquoi ?
La Stratégie Ender d’Orson Scott Card. Ce livre m’a tenue en haleine du début jusqu’à la fin, m’a fait vivre des tas d’émotions contradictoires et la fin m’a coupé le souffle. C’est ÇA un livre, et c’est ÇA que je veux écrire.
Quels conseils donnerez-vous aux auteurs qui souhaitent écrire un roman et l’éditer ?
Chaque auteur est différent dans sa façon de faire et ce n’est pas tous les conseils qui fonctionnent pour tel ou tel types de personne. Donc, ces conseils sont souvent à prendre avec un grain de sel. Dans mon cas, je crois sincèrement qu’il faut lire beaucoup, écrire beaucoup et surtout, se discipliner.
Actualités
Quelle est votre actualité (projets, souhaits, etc.) ?
Terminer le deuxième tome !!!
Toutes mes félicitations pour la sortie de votre roman Résurrection en automne 2012. Pouvez-vous nous en parler davantage ? Qu’est-ce que votre série change de celles déjà présentes ?
Merci !
C’est l’histoire d’une fille qui se fait brutalement tuer avant d’être ressuscitée par un ami. Elle apprend alors la vérité sur ce dernier et sa famille. Elle doit découvrir qui ou quoi l’a tuée et doit confronter les conséquences surnaturelles de sa nouvelle existence. Il s’agit d’une horreur fantastique qui se différencie des autres séries par le mélange des mythes que j’aborde, et la multiplicité des thèmes que j’y ai intégrés.
Combien de temps avez-vous mis pour écrire votre premier manuscrit ? Et combien pour le corriger ?
Quelques mois pour rédiger le premier jet. 4 ans en tout de correction et de réécriture !
Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés ? Comment les avez-vous dépassés ?
Je n’ai pas vraiment eu de problèmes pour Résurrection, si ce n’est les petites difficultés qu’apporte parfois le syndrome de la page blanche.
Comment avez-vous réussi à décrocher un contrat avec une maison d'édition ? Avez-vous des recommandations à ce sujet ?
J’ai tout simplement effectué mes recherches et envoyé mon manuscrit, puis croisé les doigts. :)
N’ayez pas peur des refus ; continuez, continuez, continuez, jusqu’à ce que vous perdez tout espoir. Ensuite, prenez un café, puis continuez à l’envoyer. Quand l’un refuse, l’autre sera preneur. Assurez-vous seulement que votre manuscrit soit impeccable et qu’il correspond à la ligne éditoriale de la maison à laquelle vous l’expédiez.
Pourriez-vous nous détailler la méthode de travail de votre éditeur avec un auteur comme vous ?
Je doute très fort qu’il discrimine les jeunes auteurs des plus « anciens ». Le travail est le même : un premier rapport de lecture, un retour des corrections ainsi que les échanges qui s’ensuivent entre l’auteur et son coach jusqu’à ce que le manuscrit soit jugé irréprochable, révision linguistique et hop ! Imprimerie. Ça sonne tout simple dit comme ça, mais c’est beaucoup de travail. On m’a toujours traitée avec respect et exigé le meilleur de moi-même, sans regard sur mon âge ou mon inexpérience. ;)
Un dernier mot à nos lecteurs ?
Prout [sic] !
Entretien de Paul Dubois avec Edith Kabuya.
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