samedi 8 décembre 2012

Symbolique et roman : là où 99 % des écrivains échouent

Forever Always, tableau basé sur une illusion d'optique d'Octavio Ocampo est un peintre mexicain.

Dans le monde de l’écriture, les auteurs expérimentés sont forts peu loquaces. Il suffit que l’un d’eux annonce sa devise pour que s’ensuive une course endiablée, une analyse minutieuse et passionnée.

Avis à tous les écrivains en herbe : le maître de l’horreur, Stephen King, vient de livrer quelques précieux conseils pour ceux qui voudraient se lancer dans la rédaction de romans !

Mais, avant cela, je vous rappelle que vous pouvez lire le 8e épisode de l’Avent, rédigé par mes soins dans la cadre d’un événement, accueillant différents blogueurs.

Les conseils de Stephen King pour décupler votre imagination


« Il faut tout visualiser avant d’écrire. » D’après le papa de Shining, développer une imagination débordante repose sur ce processus.

La chose paraît évidente, mais, à le lire, Stephen King s’évertue à appliquer ce principe, à savoir se représenter une scène, avant de la coucher sur le papier. D’ailleurs, pouvez-vous vous remémorer la dernière scène que vous avez écrite ?

Voici les explications du monsieur :

« Tenez deux engagements : d’abord, ne jamais insulter la vision intérieure de votre lecteur, ensuite, visualisez tout avant de l’écrire. Le deuxième conseil vous obligera sans doute à écrire plus lentement qu’à votre rythme habituel, si vous êtes allé au-delà de simples idées (“C’était une vieille et sinistre demeure.”), et à réécrire éventuellement l’ensemble, dans le cas où vous aurez manqué vos objectifs, par un excès de description. Il vous faudra alors retravailler le texte de fond en comble et supprimer le superflu afin de ne préserver que l’essentiel. »

Je vous propose aujourd'hui d'aller plus loin, en mettant en pratique ces recommandations à une échelle globale dans votre roman. Je m’explique...

Développez votre histoire autour d’une image centrale


Que serait le film Éclair de lune sans sa pleine lune ? Et le génial Moby Dick sans la créature éponyme, un grand cachalot blanc ? De même, à l’évocation du roman d'Ernest Hemingway, Le Soleil se lève aussi, vous pensez aux fêtes de San Fermín, peut-être même à la corrida. Et j’en passe.

Une image vaut mille mots.

C’est un outil puissant, capable de donner sens à votre intrigue.

Raisonnez par l’image et non pas par les mots. Par exemple, vous pouvez utiliser une métonymie visuelle ou une métaphore qui évoquera tout le récit à venir à l'aide d'un petit détail symbolique.

Les images centrales guident l’histoire


Prenons Insomnie de Stephen King.

Le livre suit le parcours de Ralph Roberts, un vieil homme, la soixantaine, qui coule des jours heureux à Derry, petite ville du Maine, jusqu’au jour où sa femme décède des suites d’une tumeur au cerveau… Quelques mois après le décès, Ralph se met à souffrir d’insomnies de plus en plus fréquentes, qui le réveillent chaque fois un peu plus tôt.

Et il commence à voir des choses étranges : tout un monde insoupçonné d’auras et de couleurs qui apparaissent et disparaissent, deux petits docteurs chauves armés d’une longue paire de ciseaux, et un troisième aux dents pointues qui brandit un scalpel rouillé.

Une image centrale est un lien symbolique qui met en relation les différents éléments de la trame, parfois décousus. Telle est la pierre de touche de votre thème de prédilection.

Les images centrales sont votre destination


Chaque image centrale dans une œuvre constitue une destination importante pour votre personnage d’un point de vue émotionnel, voire spirituel.

Dans le livre susmentionné signé le maître de l’horreur, on peut considérer les rêves de Ralph comme liés à la mort de sa compagne, même s’il s’avérera plus tard le fait d’une entité supérieure. Le dernier acte se conclut sur le suicide du protagoniste ce qui nous amène au point de départ. L’action revêt une dimension symbolique : Ralph rejoint en quelque sorte son épouse. Je trouve que le bouquin est très expérimental dans la fond, quoique la forme puisse tromper l’assemblée.

Sur ce point, le film L'Échelle de Jacob d’Adrian Lyne, véritable joyau du cinéma fantastique moderne, frappe fort et brise nombre de barrières. Je ne reviendrais pas sur la chose ; je vous invite, cependant, à la visionner. Très instructif et... bouleversant !

Je ne vous en révèle pas plus.

Les images centrales sont porteuses de sens


L'image centrale dans toute œuvre qui se respecte nous permet de l’envisager différemment, d’adopter différents niveaux de lecture. Elle sert notamment à :

  • Nous éclairer sur le thème du livre ;
  • indiquer les pôles de l’histoire ;
  • participer à la caractérisation d’un protagoniste ;
  • suggérer un sens à l’intrigue principale.

Une fois votre image globale en tête, essayez de la faire apparaître aussi tôt que possible et n’hésitez pas à vous inspirer pour la couverture de votre roman.

Avez-vous une image centrale dans votre histoire ? Quelle est sa nature ou sa fonction ?

À vous de jouer


Quelle image renforcerait la portée de votre livre ? Réfléchissez puis décrivez-la pendant quinze minutes et, une fois le temps écoulé, publiez votre réponse dans les commentaires, si le cœur vous en dit.

Vous aurez droit à l’avis de votre humble serviteur.

Ciao !

2 commentaires:

  1. Bonjour ami Paul
    Je pense avoir trouvé une chouette image pour la couverture de mon tout dernier livre : "Dernières nouvelles du monde réel" * Que représente t’elle ? Sans doute la portée universelle du livre avec au centre l’arbre de la connaissance qui en jaillit … Qu’en penses tu ?
    A part çà j’aime beaucoup les métaphores c’est pourquoi mon petit dernier est cette fois bâti sur un modèle mi philosophique, mi nouvelles fantastique.
    J’espère que cette innovation portera ses fruits.
    Bien amicalement
    Jacky

    * Le livre et sa couverture : http://jadidalocations.com/blog-maroc/nouvelles

    Ps Je n’oublie pas notre interview. A bientôt

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  2. Bonjour, Jacky !

    J'aime beaucoup la couverture du livre, elle a un caractère à la fois ésotérique et mystérieux qui semble correspondre à l'ensemble.

    Je trouve le modèle, consistant à alterner des réflexions philosophiques et des nouvelles fantastiques, très ingénieux. Ça me rappelle l'esprit des livres de Bernard Werber qui allie philosophie, spiritualité, science-fiction, polar, biologie et mythologie, mélange qualifié par l'auteur comme de la philosophie-fiction.

    Je ne suis pas le plus grand admirateur du monsieur, mais force est de reconnaître qu'il y a un public pour ce genre de publications (ses livres se vendent comme des petits pains). Tu peux donc sans problème jouer sur le filon ; tu pourrais faire un tour dans un forum sur le sujet.

    Je ne sais pas comment se passe la promotion de ton livre, mais tu devrais démarcher les blogueurs surtout les critiques (tu leur offres gratuitement ton livre, mais demande en retour une critique sur leur blog). Le procédé a bien marché chez un camarade et, en plus, il a un double intérêt. Il faudrait un peu d'imagination pour développer tout ça (je suis convaincu que tu n'en manques pas), bref, il y a de la matière sur laquelle travailler.

    Bonne chance !
    Paul

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